Biographie

Assaâd Bouab

Révélé par Marock, Assaâd Bouab n'en est qu'au début d'une carrière qui s'annonce pleine de promesses. Du Conservatoire à Paris au film Indigènes programmé à Cannes, cet acteur racé a une existence artistique, au-delà du film de Leïla Marrakchi. Portrait.


Le théâtre d'abord

Originaire de Rabat, issu d'un milieu qu'il qualifie d’“aisé, mais pas doré”, il s'installe à Paris en 1998 avec le bac en poche. Il ne met pas longtemps à comprendre qu'il ne pourra pas longtemps concilier les études avec sa passion pour le théâtre. Il s'inscrit donc rapidement au cours Florent, avec la bénédiction - et le soutien financier - de ses parents. Il suit les trois ans de formation et tente le concours du prestigieux Conservatoire de Paris. Un concours très sélectif où 1500 candidats se bousculent pour quelques dizaines de places à peine. L'audition impose un texte en alexandrins, ce sera Ruy Blas, de Victor Hugo. Il est admis, la voie royale est ouverte. Sa maman, très fière, se souvient : “À son admission, il a tenu à nous remercier de ne pas l'avoir empêché de faire ce qu'il voulait faire”. Au Conservatoire, Assaâd peut donner libre cours à son penchant de bosseur acharné : “Il faut comprendre que c'est une véritable école, avec des cours d'improvisation, de chorégraphie, d'escrime, d'arts martiaux…”.

Marock, une aubaine
Il trouve tout de même le temps de s'amuser et de croiser, à une soirée, la directrice de casting de Leïla Marrakchi, qui repère l'oiseau rare. La réalisatrice raconte : “Quand il s'est présenté au casting, j'ai été très impressionnée, puis j'ai eu un véritable coup de foudre. Il avait ce côté mystérieux, cette façon incroyable d'utiliser son corps”. Illustration concrète lors d'une scène marquante du film, quand il vient consoler sa petite sœur sans prononcer un seul mot... Rita essaie de lui échapper puis finit par tomber dans ses bras, en larmes. Pour tourner tranquillement cette scène poignante, Assaâd s'est isolé du reste de l'équipe de longs moments, il a éloigné sa famille venue le soutenir sur le plateau, puis il a plongé dans ses souvenirs personnels pour faire rejaillir l'émotion. Il connaît la technique, malgré son jeune âge, et il l'a mise au service de l'équipe pendant toute la durée du tournage de Marock. Morjana Alaoui parle de lui comme d'un véritable grand frère, sur l'écran comme en dehors : “Il a toujours été présent pour nous donner des conseils. Il a aidé tout le monde pendant les répétitions”. Le seul reproche qu'elle puisse lui faire, c'est de l'avoir giflée, scénario oblige, pour une scène qui a dû être refaite une bonne dizaine de fois.

Aux côtés de Jamel à Cannes

Après Marock, Assaâd enchaîne sur son second long métrage : Zaïna, cavalière de l'Atlas. Sur le tournage, il fait la connaissance de Sami Bouajila, acteur d'origine tunisienne chevronné qui le met en contact avec Rachid Bouchareb, lequel prépare un film sensible sur l'histoire des goumiers lors de la Seconde guerre mondiale. C'est ainsi que Assaâd décroche un rôle dans Indigènes , présenté cette année à Cannes, dans lequel il partage l'écran avec Sami Naceri et Jamel Debbouze. Face à ces monstres, Assaâd soutient le choc et tire son épingle du jeu. Logiquement, cette apparition dans ce long métrage très attendu devrait lui valoir de nombreuses propositions. C'est que le Rbati a de nombreuses cordes à son arc. Son physique lui ouvre toutes les portes : il ne sera jamais le Maghrébin de service pour des rôles forcément ethniques. Au contraire, il continue d'exercer son métier au théâtre dans des rôles classiques, refusant de choisir entre deux carrières souvent considérées comme incompatibles.

“Au théâtre, le plaisir est immédiat, le moment t'appartient. Au cinéma, c'est très différent : il y a le montage, les choix du réalisateur… Pour le moment, j'ai le plaisir de pouvoir varier mes activités”. C'est ainsi qu'il passe d'un rôle de goumier algérien au cinéma à celui de mousquetaire au théâtre, avec barbe et cheveux longs de rigueur. Il n'est pas juste cette icône pour adolescentes qui affole les blogs des jeunes Casablancaises. C'est un jeune acteur en pleine évolution qui avoue son admiration pour Marlon Brando, mais aussi pour des films coréens plus obscurs. Un monstre de travail qui se dit “amoureux de son métier” et qui met sa grande sensibilité au service des rôles qu'il incarne. Un jeune homme bien dans sa tête, qui sait où il va. Tout cela mis bout à bout, devrait nous offrir rapidement un grand acteur et c'est une très bonne nouvelle.

Source : Reda Allali